Atelier Doré

Je suis une inconditionnelle d’India Mahdavi. Mais elle voyage tellement qu’on n’avait encore jamais réussi à se croiser. Donc quand elle m’a dit qu’elle était de passage à LA, forcément, je lui ai demandé : « India, vous voudriez bien enregistrer un Pardon My French avec moi ?? »

Celles et ceux d’entre vous qui n’ont encore jamais entendu parler d’elle, vous vous êtes au moins déjà assis « sur » elle. Enfin, sur l’une de ses créations. India est architecte et designer, de celles qui définissent une époque. Elle a créé certains de mes endroits préférés, dont on a parlé sur le site, mais je trouve surtout que son sens des volumes tout en humour et en sensualité, son utilisation des couleurs, font d’elle une immense artiste.

Bref, donc India état à LA pour fêter non pas un, mais deux événements. Sa nouvelle interprétation de Ladurée à Beverly Hills, que j’ai adorée. Et son exposition au showroom Ralph Pucci. C’est là que je l’ai rencontrée le temps d’une conversation qui, je l’espère, vous plaira autant qu’à moi !

[podcast_episode episode= »249031″ ]

A propos de ses rêves d’enfant…
Je voulais faire des films et je pensais vraiment que c’était ce que je finirais par faire. Tous mes rêves étaient liés à un univers esthétique. On déménageait très souvent avec mes parents, je n’ai jamais vraiment eu de maison de famille… donc je suis devenue très attachée aux lieux, c’était important pour moi.

Son amour de la couleur…
C’est drôle parce que je crois que si j’aime autant la couleur, c’est grâce à tous ces souvenirs de films américains en Technicolor. La télévision en couleur, c’était nouveau, et je me souviens de ces dessins animés et de toutes ces touches de couleur… D’ailleurs, j’utilise un peu la couleur à la manière d’un dessin animé.

Ses déménagements fréquents pendant son enfance…
C’est fou. On développe une forme d’instinct de survie, et on s’adapte aux codes très rapidement. J’ai changé de langue trois fois en deux ans. Anglais, allemand puis français, des langues qui ont une grammaire difficile. Et puis on est toujours l’étrangère de service. Et au final, on se transforme en une espèce de caméléon, on apprend à s’adapter rapidement, à évaluer les choses très vite.

A propos de la différence entre les États-Unis et la France en matière d’architecture intérieure…
Je le dis avec tendresse bien sûr, mais les Français sont souvent un peu arrogants en matière de goûts. Du genre : « Mais pourquoi est-ce que je ferais appel à une architecte d’intérieur ? Je peux me débrouiller toute seule, j’ai juste besoin de quelqu’un qui m’aide à acheter les choses. Les Américains sont plus précis : ils ont des architectes, des architectes d’intérieur, des décorateurs, tout est professionnalisé, segmenté, rationalisé.

A propos du feng shui…
Ah oui ! Je crois que c’est quelque chose d’assez naturel. J’aime que l’énergie puisse circuler, qu’elle ne soit pas entravée. C’est très important. Mon travail oscille entre quelque chose d’assez structuré et quelque chose de plus rond. Et à travers les meubles que je crée, on retrouve un équilibre entre ce que j’appelle le masculin et le féminin.

A propos de la joie…
Si j’aime autant la couleur, c’est que ça inonde tout de suite un lieu de joie, de bonheur. C’est quelque chose que j’ai toujours privilégié dans mon travail, et qui se dégage tout de suite quand un lieu est coloré, joyeux. Ça apporte aussi beaucoup de lumière.

L’humour qu’on retrouve dans son travail…
Là, vous êtes assise sur ce sofa, qui peut aussi être une forme de divan. Je l’ai baptisé Œdipe, comme le complexe… ça en fait un lieu idéal pour en parler, comme le divan d’un psy !!

L’importance d’explorer…
Quand je voyage, je prends toujours une journée ou deux pour découvrir les lieux, prendre la température. Sinon, ça n’a aucun intérêt. Il faut se nourrir de ce qu’on voit. J’imagine que tout le monde le fait, enfin j’espère…

L’utilisation des canapés pour structurer une pièce…
Je place d’abord les pièces les plus imposantes, puis les éléments plus petits. Je considère un peu les sofas comme les sourcils… Je les place en premier, ensuite, on peut mettre les yeux, le nez et la bouche !