9 years ago by
Je connais Greg depuis des années. Tout le monde connaît Greg. Il est photographe et travaille sur les défilés. Il est beau, souriant, fun, et talentueux. Les mannequins l’adorent et il tape la bise aux célébrités, mais rien de tout ça ne semble vraiment l’affecter. Quoi qu’il se passe, il est toujours relax.
On bavardait l’autre fois à la sortie d’un défilé, quand il a commencé à me parler de sa vie à la ferme et soudain, tout a pris sens. Depuis quelques années, Greg partage sa vie entre la mode et la ferme. Pas si éloigné de la vie de mon amie Laura Ferrara, en fait, mais tout aussi inspirant !
On a décidé de vous montrer un petit bout de sa vie, et de lui poser quelques questions pour essayer de comprendre comment tout ça est possible…
Interview avec Greg Kessler, Photographe mode et fermier
Comment décrirais-tu ton mode de vie actuel ?
Actif.
Tu peux nous en dire un peu plus sur ta carrière de photographe de mode ?
Mon père travaillait dans la mode et un jour, il m’a demandé si je voulais aller à un défilé. Bien sûr, j’ai dit oui. Sur place, pour que je ne reste pas dans leurs pattes, les gens m’ont donné un appareil photo avec la consigne de « Suivre Roxanne » (Roxanne Lowit). Elle est mythique, c’était la fin des années 80, la pleine période des super-models et c’était un peu l’endroit rêvé pour un gosse de NY : en backstage avec Elle Macpherson, Cindy Crawford, Christy et Linda. Le bonheur !
J’avais vraiment le virus de la photo, et je shootais absolument tout. Mon école a vu que je prenais ces filles en photo et m’a fait travailler pour le journal, donc j’ai eu des pellicules gratuites. Ensuite, un petit journal local est tombé sur mon travail. C’était génial, j’ai pu continuer à faire des photos pour mon plaisir pendant la fac, et une fois diplômé j’ai refusé un poste dans la pub pour devenir l’assistant d’un photographe que j’avais rencontré à une fête chez des amis. Ça a duré cinq ans, ensuite un rédacteur m’a demandé de venir faire des photos pour son magazine, et là, j’ai décidé de me mettre à mon compte. Je travaillais pour la presse magazine et des publicités quand j’ai commencé à devenir connu pour mon travail en backstage sur Style.com et les Model Morphosis du New York Times. Maintenant que les défilés sont pour la plupart devenus inintéressants, pour plein de raisons différentes, j’explore d’autres aspects de la mode et de la photo (la nourriture et l’agriculture).
Tu as grandi un peu au nord de New York. Comment la ville a-t-elle influencé ton mode de vie et inspiré ton travail de photographe ?
J’ai eu le meilleur de ces deux univers : l’excitation d’une grande ville et le côté cocon de ma banlieue. Je ne dirais pas que retrouver le style de vie de la banlieue est quelque chose qui m’intéresse, mais ça m’a permis d’apprécier la beauté hors de la ville. Je suis encore un peu plus de loin de NY maintenant, mais le fait d’avoir grandi à NY est resté gravé en moi. J’adore vivre à la ferme, mais j’aime retourner en ville pour travailler ou passer un jour ou deux avec des amis.
Tu as vécu très longtemps au cœur de la mode, à shooter les backstages des plus grands défilés de la planète. Parle-nous de cette expérience.
C’était génial et c’est toujours génial ! J’ai vu plein de trucs incroyables, travaillé avec beaucoup de gens super créatifs, et j’ai été témoin des changements complètement fous qui se sont produits dans l’industrie de la mode et la photo. Parfois on se dit que ça ne pourra pas changer plus que ça, jusqu’à ce qu’on se retrouve à vivre d’autres mutations. Il y a toujours des nouveautés. On pense qu’on a tout vu, tout entendu, mais il y a toujours quelque chose de nouveau qu’on trouve génial.
Et en 2010, que s’est-il passé ?
Un burn-out, c’est peut-être un peu extrême, mais j’avais besoin d’un break. Je sortais de plusieurs mois de travail intense, qui s’étaient terminés par le mois des Fashion Weeks. On peut travailler tous les jours sans problème, mais un mois de défilés, ça peut rendre dingue. Travailler sur un shooting avec une équipe pour réussir à sublimer une image ou une histoire, c’est une chose, mais se retrouver backstage avec 50 personnes différentes, quatre ou cinq fois par jour, pour essayer de faire des photos, ça n’a rien à voir. Psychologiquement et physiquement, c’est épuisant. On vit des moments complètement exaltants, mais quand on ne se souvient même plus d’avoir pris une photo, ça perd un peu de sa magie. Je n’aimais pas ça.
Donc à la fin de cette saison-là, je suis rentré chez moi épuisé, physiquement et mentalement, j’ai rendu tous mes projets et je suis parti. Je ne savais pas que ça se terminerait dans cette ferme. C’est une occasion qui s’est présentée.
Est-ce qu’il y a un moment où tu te souviens de t’être dit : « Une ferme, ce serait une super idée », où est-ce que c’est une idée que tu murissais depuis des années ?
C’est un peu le hasard, en fait. Une amie qui travaillait dans cette ferme est tombée enceinte. Je lui ai dit qu’il fallait qu’elle se ménage un peu et que je pouvais l’aider, et elle a tout de suite été partante. Le lendemain, je commençais, et j’ai adoré ça. C’était loin d’être facile, mais c’était quelque chose de complètement nouveau pour moi, et ça m’a vraiment plu. C’était il y a cinq ans et maintenant, je me projette un peu plus là-bas, j’essaie de voir où ça peut me mener.
Tu peux nous parler de tes responsabilités sur l’exploitation ?
Je travaille la terre. Je plante des graines, j’arrache les mauvaises herbes, je moissonne. Je chasse aussi les insectes, je guette la pluie.
Comment s’est passée la transition : vivre dans une ferme après avoir passé des années en ville ?
C’est une transition très facile. On sent presque immédiatement un poids en moins. Tout à coup, on a un peu plus de temps. Peut-être parce qu’il y a moins de choses à faire, mais j’ai pu vraiment pu me détendre et profiter de la vie plutôt que d’avoir l’impression de courir partout, de devoir me positionner à chaque fois. Ça s’est fait très naturellement, donc ça n’a posé aucun problème.
C’est presque comme si tu avais une double vie. C’est l’équilibre parfait ou tu trouves ça difficile de faire le grand écart entre un shooting mode et la vie à la ferme ?
C’est parfait ! Bien sûr, ce sont deux environnement différents, mais ce sont deux boulots de lève-tôt très prenants… ce sont juste les taches qui sont différentes. C’est sympa de pouvoir mélanger les deux. J’ai peut-être un peu plus de mal à quitter la ferme pour retourner à NY, mais les deux se complètent parfaitement.
Un peu de ci, un peu de ça… Les deux me plaisent autant.
Est-ce que tu as parfois l’impression qu’il faut que tu sortes de ta peau de fermier quand tu arrives sur un shoot et vice-versa ?
Non, je suis qui je suis, et c’est ce qui rend le fait de travailler avec plein de gens différents aussi intéressant. Mais c’est drôle, mes amis de la mode me questionnent toujours beaucoup sur la ferme, alors que mes amis de la ferme sont juste contents de me voir revenir.
Comment est-ce que le rythme plus calme, l’environnement naturel, le travail de la terre ont affecté ton état d’esprit et ton regard sur la vie ?
Je me sens plus heureux et mieux dans mon corps, je ne me préoccupe plus des petits soucis.
Ça a été un grand changement… qu’est-ce qui a été le plus gratifiant ?
Je ne sais pas, mais je dirais qu’on apprend à mieux apprécier ce qui nous entoure, on réalise qu’on n’a pas besoin de grand-chose pour être heureux. A New York, on a vite tendance à tout considérer comme acquis et à devenir un peu aveugle. Ici, je prends le temps de regarder les oiseaux ou juste ma fenêtre. Ça fait un peu crétin, mais c’est assez méditatif. Et après une bonne journée, j’admire notre verger en disant : « Je suis bien. »
La plus grosse difficulté ?
A New York, on peut faire à peu près tout, tout le temps. Ici, on est un peu jaloux… c’est vrai qu’il y a plein de restos et de cinés, là-bas ;)
Tu tiens une rubrique sur ta ferme dans le New York Times, ‘A Chef in the Field’. Tu peux nous en dire quelques mots ?
L’idée d’’A Chef in the Field‘ (« Un chef aux champs ») est venue d’un déjeuner qu’on avait préparé dans la grange, au printemps : on avait essayé de cuisiner des plats à base de produits cultivés à la ferme. C’est assez marrant, tout ce mouvement sur le « manger sain ». Tout le monde adore aller au marché et tout le monde connaît sn producteur, mais il manquait un chaînon. Les gens ne savent toujours pas d’où vient ce qu’ils mangent ou plutôt à quoi ressemble un produit quand il est dans la terre. ‘A Chef in the Field’ veut aider les gens à mieux savoir d’où vient ce qu’ils mangent, soient plus conscients de la provenance de leurs aliments et des saisons. On veut aussi démystifier certains légumes et permettre aux gens de diversifier leur alimentation. Pour ça, on emmène un chef dans notre ferme et ensemble, on élabore une recette autour des produits disponibles à cette période de l’année.
Qu’est-ce que ça fait de pouvoir réunir ses deux passions ?
Ça a vraiment été une super surprise d’avoir deux passions et de réussir à les associer de façon aussi parfaite. C’est l’idéal.
On remarque de plus en plus de gens qui font le pas et adoptent un mode de vie plus simple. Pourquoi cette tendance, à ton avis ?
Je crois que les gens en ont marre d’avoir à se battre pour tout, ils ont envie de simplicité. Pourquoi se compliquer la vie, se créer des difficultés, vivre dans la frustration ? Il faut travailler avec des gens qu’on apprécie et aimer ce qu’on fait. Rester ouvert. Tant que ça n’embête personne, il faut faire plus de choses pour soi. Rester dynamique et joyeux.
Si c’était à refaire ? Tu abandonnerais la ferme pour retourner à ton ancienne vie ?
Jamais.
Ton conseil à quelqu’un qui a envie d’un changement similaire dans sa vie ?
Il n’y a aucune raison de ne pas se lancer. Sautez le pas, vous serez heureux de l’avoir fait, même si ensuite, vous revenez sur votre décision.
Je trouve cette expérience très intéressante car elle casse les clichés et montre que l’on ne se résume pas à une seule chose, que chacun d’entre nous est unique et complexe.
Amélie
https://charlesrayandcoco.com
Very inspiring interview. And the picture with the dog is amazing!!
This life seems like a dream- very inspiring! Thanks for sharing this, Garance.
I think this is one of the most enviable life that can exist! It is a perfect mixed one side we live the excitement of New York, fashion, photography, things that may seem futile but so beautiful. And on the other one, it relaxes and focuses on the real values. I think I would like that kind of life. These are two things that fascinates me, nature and art. I didn’t think it could be possible to mix the both.
xx
http://www.marydevinat.com
Very inspiring! I got into gardening this year, and, surprisingly, I haven’t been happier. Planting flowers in the fall, and then looking forward to beautiful, full of flowers, Spring! Nature is very therapeutic, much more than shopping!
http://www.lerablogs.com/
This article really struck a cord with me! « Ultimate » is how Greg describes his dual life and I tend to agree. I am an ER physician and have always loved to paint and dreamed of doing something with it. Two years ago I started printing scarves with my artwork and I have to say it has made me so happy. I have learnt to appreciate both worlds and am at a much better and happier place in my life. Bravo Greg! Live your dream.
I am in love with this dual lifestyle. These stories inspire me to bite the bullet, follow my passion and seek out simple happiness. Thank you for this.
Super interview, hyper intéressante!
Du coup, j’aurais bien aimé qu’il explicite davantage la phrase : « Maintenant que les défilés sont pour la plupart devenus inintéressants, pour plein de raisons différentes »…
Pas la moindre trace de terre, de boue, pas un seul grain de poussière sur les godillots du fermier ou les roues du tracteur briqué, lustré et qui étincelle. Tu m’étonnes qu’il aime la ferme le photographe de mode.
Delphine tu m’as tuée ! MDR
Tiens, un frère!
Je suis comme lui
un jour en studio en Paris
et le reste
dans le monde
en reportage
ou dans le mien
au potager…
C’est ça, l’équilibre, non?
I love that everyone has another side to them that’s different and beautiful
http://hashtagliz.com
What a wonderful interview! I am envious…perhaps I can find some similar balance when I retire, since I intend to stay quite active. I have less than 2 years to find something new to occupy my time!
Hard work outdoors is soul cleansing, what a lovely interview! I have struggled my whole life with the opposing pull of loving the outdoors and loving fashion. I’m still trying to find the balance. Nature feeds my creativity and fashion is a constant force I cannot hide from. Joining them is my life’s work. Thank you for sharing such real insight and worth.
What an interesting life
http://www.myhappynook.com
Super article et photos ! de plus en plus d’exemples de ce retour à l’essentiel et à la simplicité dans mon entourage également… je commence moi même à me poser des questions ! Merci Garance, pour ce témoignage inspirant…
wow….very inspiring…really makes you think…..
thank you….as always xoxox
Touchant : « mes amis de la mode me questionnent toujours beaucoup sur la ferme, alors que mes amis de la ferme sont juste contents de me voir revenir »
Oui, merci pour cette interview ! Comme quoi il est possible pour chacun de se modeler une vie sur-mesure. Ca fait du bien de lire ça !
Very inspiring indeed! I wonder if eventually he will just stay on the farm and not miss the fashion world….
Great post! Thank you for sharing,
Colleen
http://www.blushandbeyond.com
Love love love love love love love love love….
One of my favourite interviews so far! Why can’t you have it all, the excitement of the city and the beauty of nature! A great read!
Looks like a fashion shoot needs to happen on that farm
http://lifeandcity.tumblr.com
Garance. Thank-you, thank-you for the wonderful story and photo’s. I also have large organic gardens, fruit trees, a dog and design silk scarves and have a love for the fashion industry. The story put a smile on my face and a tear in my eye. Farming, color, weaving, fabric, design, production, all begin with nature, are crafted and expressed by the human in it’s complexity, and ultimately returns to nature in it’s simplicity. All, beautifully crafted. Well done!
Merci pour cette interview… Moi qui songe de plus en plus à quitter Paris pour je ne sais pas où… Pas une grande ville de province mais plutôt la campagne. Genre la Corse ! je vais réfléchir à son conseil de sauter le pas. Après tout c’est vrai que rien n’est irréversible.
Very intriguing fellow, would be interested to know what his zodiac sign is…. ? Is he a Gemini?
J’ai beaucoup aime cette interview. Un peu mon reve de vivre a la campagne mais pas trop loin d’une ville ou il se passe des choses interessantes.
« On n’a pas besoin de grand chose pour etre heureux….. » C’est ma devise. :-)
Hook me up with Greg! Totally inspiring…
Loved this piece! It’s so down to earth and yet simultaneously so romantic. This idea of balance in one’s life and routine is key. Seeing it shared here in a « real world » way is inspiring and a good reminder that a breath of fresh air (literally) is so necessary to happiness and health, as in finding what works for you. Beautiful story – thanks for sharing!
It shows that life can be multiple we can be many different things at the same time and one nourish the other ….
love the parallels of the pictures.
xoxo
Yael Guetta
http://www.ftwwl.com
I think I just fell in love. ;)
mode de vie idéal qui montre bien combien il est important de se ressourcer
Bonjour!
J’adore ce genre d’interview, très inspirante, qui montre bien que rien n’est figé dans la vie, le principal est de kiffer …
Il en faudrait encore plein !
bizzz
I love the double life idea and how down to earth he is. I wander if is is an Aquarian :) as they tend to balance two careers- sometimes on the opposite end of spectrum :) I know a prosecutoer who also works in fashion (and gets invited to Chanel shows, so jealous :) I guess it’s all about balance :)
Ana
http://www.champagnegirlsabouttown.co.uk
lucky guy…best of both worlds
Very inspiring! For me nature and the city life in a balanced form is the perfect recipe of living. Thank you, Garance. Beautiful interview.
Beautiful story, inspiring!
Interview passionnante d’une personne passionnée !
Il est très inspirant et j’aime beaucoup sa simplicité !
Christine
One of the best Career interview so far on your blog Garance! His story is so inspiring.. Is it possible to know the list of the chefs / restaurants he is working with in New York?
Would love to eat fresh local grown veggies :)
http://Sugarsheet.com
Une fois par an, comme le Père à Noël, les oeufs à Pâques et la gueule de bois au premier de l’an, la tendance « ferme » revient chez Garance. Youpi ! Y’a donc un an, ici même, sur le post Laura Ferrara, j’ai proposé une offre d’emploi à l’AMAZING ferme. Le moins qu’on puisse dire c’est que ça s’est pas bouscule au portillon pour changer de LIFE, et devenir une STUNNING fermière ! MDR. J’adore les écolo-bobo-bios du dimanche qui posent sur un tracteur neuf sans poussière. You made m’y day :D À dans un an…
Farming, when your financial livelihood depends on it, can be backbreaking and very unpredictable work. I enjoy reading these types of articles on the city slicker who goes back to the earth. But I also view them as a kind of a romanticized fantasy that is probably far from most farmers’ reality.
I do agree with Sanaz !
These are beautiful contrasts. I too subscribe to a life of balance and it would be completely normal to see me at the fanciest event or to see me enjoying a weekend at a farm or even going on a picnic out in the middle of nowhere. Creativity and life thrive on these varied experiences and interests and they can influence and affect one another in the most unusual and surprising ways.