In Her Own World / Meghan Boody
7 years ago by
Erik Melvin
Souvent, j’ai l’impression que les super apparts se ressemblent tous : un peu comme un board Pinterest sans fin. Je crois que c’est pour ça que j’ai été aussi agréablement surprise en découvrant le loft de Meghan Boody. Et je me suis rendu compte à quel point mes rêves de déco étaient étriqués…
Meghan est une artiste, on le sent dans le moindre détail. Elle a créé un univers complètement unique avec ses propres œuvres et un mélange de pièces exotiques et nostalgiques qui vous emmènent à une autre époque. En lisant cette interview, je suis sûre que vous trouverez que l’intérieur unique et fascinant de Meghan colle parfaitement à sa personnalité !
Comment as-tu déniché ce loft ? Et depuis combien de temps y vis-tu ?
Je l’ai trouvé il y a 20 ans (hum !) A l’époque, ça ressemblait un peu à une communauté artistique, il y avait plein de personnes qui y vivaient ensemble. A l’origine, c’était une usine de chaussures, elle a été construite dans les années 70, les murs arrondis sont d’origine, tout comme la baignoire japonaise. Je me souviens de la première fois où j’ai découvert cet endroit avec l’agent immobilier. Je ne connaissais pas du tout Tribeca, et j’ai dit au chauffeur de taxi de nous arrêter à Canal St, qui n’est pas juste à côté. On était en retard, c’était avant l’ère des téléphones portables, avec ma copine, on a couru comme des folles, elle avait un point de côté. Heureusement, on est arrivées à l’heure, et dès que je suis entrée, j’ai su que c’était ce que je voulais. J’ai gardé certains éléments d’époque, comme les colonnes en bois, et trois étranges trappes dans le plafond. Mon amie se souvient encore de notre course effrénée !
Où trouves-tu l’inspiration pour ta maison et ton style personnel ?
Je voulais un endroit où l’on oublie le stress de NY. Je voulais créer une oasis, un endroit qui nous fasse voyager. J’ai trouvé des tissus, des tentures, du mobilier qui évoquent quelque chose de naturel, avec des motifs de vigne, de fleurs, d’animaux. Parfois, je m’interroge sur le fait d’habiter dans une jungle en béton. Les êtres humains sont des animaux, après tout, et je crois que beaucoup d’entre nous aspirent à vivre dans un milieu naturel.
Comment as-tu décoré cet endroit ?
J’adore collectionner des objets du passé, qui ont eu une vie avant moi. J’ai écumé le web pour trouver des pièces de récup intéressantes, et hanté des marché aux puces, comme Brimfield, dans le MA. J’ai tout rénové dans le loft, mais je voulais qu’on ait l’impression que les nouvelles pièces, les nouveaux espaces, avaient toujours été là. J’ai observé de vieilles demeure que j’adore, feuilleté des livres d’histoires, j’ai repéré les éléments qui me semblaient les plus magiques, les plus nostalgiques. C’est comme ça que j’ai choisi le motif à quatre feuilles des balustrades, les lambrequins originaux, les pièces secrètes, les trappes, les moulages et rosaces décorés de vignes et de créatures. Ensuite, pour contrebalancer tout ça, j’ai ajouté du mobilier moderne, des volumes bien nets. L’idée d’un « futur antérieur » me fascine, c’est un endroit dans lequel j’aimerais me retrouver.
La plupart des œuvres d’art qui t’entourent sont tes créations… qu’est-ce qui t’inspire en tant qu’artiste ?
Je suis inspirée par les grands conteurs, qui redonnent foi en l’être humain, comme Hans Christian Andersen et Edmund Spenser qui a écrit « La Reine des fées ». Ces histoires s’inspirent de mythes qui sont inscrits dans notre imaginaire collectif. En les lisant, on vit une expérience familière, on a l’impression de se remémorer quelque chose. C’est une manière de se sentir impliqué à titre personnel. C’est quelque chose qu’on a vécu. Je veux que les histoires que je raconte à travers mes œuvres d’art aient le même degré d’accessibilité, le même impact émotionnel. J’admire beaucoup des conteurs de talent comme Matthew Barney, Marco Brambilla et AES + F. C’est quelque chose qu’ils font très bien.
Je suis aussi fascinée par la façon dont fonctionne l’esprit humain, dont on arrive à provoquer le changement en nous-même et chez les autres. A travers le fantastique et la métaphore, mon travail examine la façon dont on se transforme, dont on renaît. Je consulte souvent l’œuvre de Freud, Jung et Joseph Campbell pour m’aider.
Tu fais des peintures, des sculptures, du dessin… Comment te définirais-tu en tant qu’artiste ?
Ces immenses images auxquelles tu fais référence sont en fait des photographies numériques, mais les gens les prennent souvent pour des peintures… ça me plaît. Peut-être que je suis une peintre contrariée qui se prend pour une photographe ! Ma façon d’aborder la composition est assez choisie, étudiée, en ce sens, c’est très esthétisant. Je fais aussi des dioramas, des luminaires interactifs, et je me suis mise à la vidéo.
Bon, vous aurez compris que je suis fascinée par les histoires, et je me considère avant tout comme une conteuse. Je crée des séries de photos narratives ou des dioramas qui reprennent les thèmes et le leitmotiv de ma vie. En mettant en scène mes alter égos, mes avatars dans des scénarios et univers étranges, j’espère en apprendre davantage sur les défis qui se posent à moi dans le monde réel. Je suis persuadée qu’on est tous en quête d’un Sens plus large, en ces temps troubles, et j’espère offrir un peu de lumière à mes spectateurs tandis qu’ils contemplent leur propre vie.
Tu travailles dans ce loft ?
Oui, ce qui est drôle, c’est que je vis dans cet espace immense et baigné de lumière, mais que je travaille dans un tout petit atelier sans fenêtres. Comme je travaille principalement sur ordinateur, je n’ai pas besoin de beaucoup de lumière. Et quand je sculpte, je m’installe dans la pièce principale, et à chaque fois, c’est un peu le chaos.
Ta pièce préférée et pour quelle raison ?
Je suis assez excitée à chaque fois que je vais dans mon petit « salon de thé ». C’est ma pièce secrète, à laquelle on accède par un tout petit escalier, situé derrière la porte du placard. Le nom fait un peu prétentieux, mais j’adore l’idée d’avoir une pièce qui soit dédiée à une pratique ancienne et surannée. C’est vraiment minuscule, ça fait très Alice au pays des merveilles, les murs sont tapissés de babioles et de figurines arrangées par deux. Selon les principes Feng Shui, les photos et représentations de couples dans une maison favorisent les relations harmonieuses.
Tu vois cet espace comme un work-in-progress ? Tu le vois évoluer ?
En ce moment, j’ai davantage envie de créer des choses qui ne resteront pas chez moi. Mais si je laisse les choses se faire d’elles-mêmes, le cycle naturel de l’usure (et les griffes de mon chat !) m’obligent à retravailler la déco régulièrement. Mes fauteuils club en sont à leur troisième rembourrage. Soupir.
L’art occupe une place centrale dans cet espace, comment places-tu les objets ? Les changes-tu souvent de place ?
Quand je place un objet, je réfléchis à l’enchantement qu’il suscite, à la surprise qu’il provoque… j’essaie de rendre l’expérience des lieux la plus magique possible. Je viens de créer une pièce intitulée « A Guide to Best Mating Practices », une série de petits dioramas autour des rencontres amoureuses. J’ai décidé que ce serait l’élément parfait pour le « salon de thé », comme une maison de poupées à l’interieur d’une maison de poupées, une expérience amusante pour ceux qui oseront l’ouvrir ! Au-delà de toutes les petites figurines de couples, cet espace devient le haut lieu de l’intimité et des relations amoureuses !
Parle-nous de cet incroyable canapé d’apparat…
C’est mon ex-mari qui l’a gagné à l’issue d’une longue partie de poker. Il jouait avec un collègue qui faisait des affaires en Orient, et c’était sa mise ! Il est arrivé chez nous démonté, ça ressemblait surtout à un tas de bois. On était en pleins travaux, et mon ex n’arrêtait pas de dire que ce serait la pièce maîtresse de notre intérieur, et moi je me disais « Certainement pas ! ». Mais un soir, avec des amis, il l’a monté, et là, ça a été le coup de foudre. Je crois que c’est le plus beau cadeau qu’il m’ait fait.
Dream apartment. But. You like animals, ditch the deer head, for god’s sake!
Love seeing someone’s life in a room, as opposed to their shopping choices. Very cool!
ouha, un VRAI cabinet de curiosité ! Incroyable ! Pas un je fais style que je suis trop original-tralala.
Love the bookshelf! Such an important piece in a home! :)
https://sofaundermapletree.wordpress.com
Ah la chance d’avoir un espace aussi grand pour y créer pièces à vivre dans des mondes différents, y placer ce lit chinois ( j’en voulais un aux Puces, ils étaient encore abordables) et tout cet univers où les objets sont choisis au coup de coeur et non parce que c’est la mode ! J’aime qu’elle se définisse comme une conteuse. Il semble y avoir un « healing process » dans ses créations. Merci de nous la faire découvrir, j’adore ce genre de personnes.
I’m dying already of how dreamy-rustic this apartment! The little details of everything! I wrote a post about interior details http://www.fashionparadoxes.com/2016/11/21/into-interior-details/ because I can’t handle the details myself.
J’ai adoré ce post! Merci merci merci de nous partager cela!
WOW C’est un magnifique intérieur! Si seulement on pouvait encore se permettre ce type de logement en ville :)
I LOVE this space – it’s incredible and unique.
http://www.laurencarteronline.com/media
I love the deer head and cow hides. There’can be a real reverence for animals, I think, in such displays. And, more than likely, it’s one of those things that was bought at a garage sale: either it’s going to the dump or its going up on a wall and being admired. I think the latter is much better.
*_* !!!
Très bel article, très belles photographies, très inspirant – une caverne d’Ali Baba pour nous les filles :-)
C’est la première fois que je commente sur le site. Mais cet article a remué quelque chose en moi ! J’ai adoré ta phrase du début « je me suis rendu compte à quel point mes rêves de déco étaient étriqués ». En effet on est tous à faire nos tableaux déco pinterest, qui finalement se ressemblent et tournent en rond et ne nous ouvrent jamais sur des univers différents. Là ce n’est pas mon style mais wahou ! quelle identité forte !
On se dit que cette artiste se fiche complètement du regard des autres et qu’elle se crée son monde à elle, très loin des codes à la mode. J’aimerais un jour que mon chez moi soi le reflet de mon vrai moi, loin des tableaux pinterest….. MERCI pour cet article !
Ms. Boody’s gift for storytelling is so telling at every level of her work.
I am delighted to find a kindred spirit here – I also love folklore and mythical tales ( the Faeire Queen! ) so because they speak to a collective spirit that is dormant in all of our feminine energies. Growing up in Chinatown, LA I went to the library everyday and read the entire Fairy Tale/Myths section – I believe that those words still guide my life and work to this very day. Thank you for this interview Garance and team!
Very Kitsch House :)
Pauline
http://paulinemoinonplus.blogspot.fr