Clothing Renewal
5 years ago by
La semaine dernière, une de mes amies a fait une remarque sur mon sac, en me demandant où je l’avais trouvé. C’est toujours la même chose, nous remarquons toujours les nouvelles pièces sur les autres puisque nous portons toujours les mêmes choses et que nous connaissons les garde-robes des autres par coeur. C’est une ambiance à la lisière entre la culture de l’outrage et les compliments encourageants. J’ai essayé de le mettre en contexte pour qu’elles comprennent, c’est une “vieille trouvaille dans mon placard”. Un peu plus tard dans la journée, mon amie Claire, qui est allée au lycée à New York, l’a immédiatement reconnu : “Mon dieu, je n’ai plus vu ce genre de sac depuis le lycée. Tellement chic !”
La dernière fois que je suis rentrée chez mes parents, je suis rentrée avec un sac que je ne pensais plus porter depuis longtemps (hum, au moins depuis la fac) : mon tote bag Vanessa Bruno. Commes mes parents ont beaucoup déménagé, ils nous ont donné à mon frère et moi l’habitude des nettoyages de printemps à toutes les saisons, pour ne garder que les choses dont nous avons absolument besoin. Et grâce à cette habitude, tout dans ma vie tient avec moi dans ma toute petite chambre de NYC. A l’exception de quelques objets que ma mère a interdiction de jeter pour différentes raisons, comme ma dernière paire de pointes, celle que j’ai à peine eu le temps de faire à mon pied avant un nouveau déménagement. Ce sac faisait partie de cette catégorie, un sac que nous avions toutes, moi et toutes les adolescentes déchaînées dans les environs du Lac Léman (ou toutes les populations francophones du monde ?). Ce sac était à la POINTE de la mode, le symbole ultime de statut dans une hiérarchie sociale et moi, adolescente-tendance-enfant-gâtée désespérée de m’intégrer, j’en avais désespérément (pff…) besoin dans ma vie. Moi aussi, je grince un peu des dents en y repensant. Mes parents ne pouvaient pas s’offrir toutes les choses absurdes que je voulais, mais j’ai économisé pour gagner ce sac et ma mère m’a emmenée dans un magasin appelé Bon Génie, et nous l’avons trouvé en soldes.
En arrivant à New York, quand mon horrible petite bulle matérialiste suisse a explosé, je n’ai plus réussi à comprendre pourquoi une adolescente voudrait quelque chose comme ça et je l’ai effacé de ma mémoire. Presque six ans plus tard, j’ai aperçu les paillettes qui brillaient sur la plus haute étagère de mon placard et je me suis aperçue que je n’avais pas la nausée en le voyant donc je l’ai emporté, avec les stylos et les pinces à cheveux qui étaient encore dans les poches. Mon style s’est réinventé un million de fois, depuis la *transition des jeans moulants vers les pantalons militaires*, mais j’ai nettoyé cette vieille doublure en lin ornée de sequin, et je me suis pavanée au son de Rico Nasty, avec un Bruno sur le retour.
Et même si les pluies d’avril n’ont pas apporté de fleurs à New York (juste encore plus de pluie), c’est encore la saison du nettoyage de printemps, alors j’ai demandé à des femmes dont j’admire le style si elles avaient aussi ressorti de vieilles pièces de leur placard pour leur redonner une nouvelle vie.
Rajni Jacques, Directrice artistique à Allure & Teen Vogue, Créatrice et créative à Platform
“Avant, j’ai vécu dans le même endroit pendant six ans, et parfois, il faut pouvoir tout remettre à plat. Quand on vit au même endroit pendant si longtemps, on accumule tellement de choses. Et puis, quand on a des enfants, on accumule encore plus de choses, particulièrement Lucienne, ma fille de cinq mois. J’avais besoin d’une ambiance différente, de me débarrasser de plein de choses, de repartir à zéro. J’ai éliminé beaucoup de choses en déménageant, j’ai beaucoup réduit, mais au passage, j’ai trouvé des trucs que j’avais même oubliés et que j’essaie de récupérer. Il y a ces boucles d’oreille Aurélie Bidermann que j’ai depuis environ trois ans mais je n’arrête pas de les porter depuis que je les ai redécouvertes il y a quatre mois. Il y a aussi cette veste que j’ai achetée il y a environ trois ans, par un vieux designer, Patrick Kelly. Il travaillait à la fin des années 80 et la plupart de ses pièces ont disparu à sa mort. Le Brooklyn Museum lui a consacré une petite exposition il y a quelques années – c’est très dur de trouver ses pièces. Je suis allée dans une friperie qui a beaucoup de vêtements de créateur et je leur ai demandé si, par hasard, ils avaient du Patrick Kelly. Je n’ai même pas regardé ce que c’était, j’étais prête à acheter n’importe quoi. Ça ne coûtait que $175, j’ai immédiatement accepté. Et puis, il a surtout travaillé à New York, mais il a fait certaines collections à Paris, donc l’étiquette Made in Paris compte beaucoup pour une pièce de Patrick Kelly.”
Jessica Wu, Directrice E-Commerce & Presse à Peter Do, mannequin et styliste
“Je n’ai quasiment que des vêtements vintage, mais il y a cette veste de ma grand-mère que j’ai depuis six ans mais que je viens juste de ressortir. Je l’ai trouvée avant qu’elle ne me la donne, au moment où les vestes structurées de Balenciaga sortaient, et elle avait un peu le même look. Elle était moins structurée, mais elle est aussi large au niveau des hanches, avec des épaules marquées et en tweed gris. J’étais dubitative à l’époque, elle était vieille et oversize et ça faisait un peu masculin sur moi donc je ne pensais pas que ça allait m’aller. J’adorais les vestes quand j’étais au collège, je fouillais dans le placard de ma mère et dans les friperies pour en trouver, ce qui est drôle étant donné que c’est l’uniforme des écoles privées. Récemment, j’ai commencé à la porter en robe, et avec une mini-jupe, ça fait un peu plus moderne. Pour moi, cette veste représente l’opportunité de relooker quelque chose de vraiment vieux.”
Pam Nasr, Réalisatrice et styliste
“Je récupère tous les trucs que ma mère n’a pas jetés et qui restent dans son placard. A chaque fois que je lui rends visite au Liban, je fais un tour dans son placard et je récupère des choses. Elle s’est débarrassée de très beaux vêtements et accessoires, que je ne connais que grâce à de vieilles photos, parce qu’elle pensait que ça ne reviendrait jamais à la mode. Elle n’en a gardé qu’un tout petit nombre, les pièces qui étaient des classiques selon elle. Je lui ai pris des bottes en cuir pointues, et je les porte toutes les semaines. Je ne me souviens pas l’avoir vue les porter un jour mais quand j’étais plus jeune, je me moquais d’elle parce qu’elle avait des chaussures pointues et je me suis rendu compte qu’aujourd’hui, toutes mes chaussures sont pointues. J’ai du mal aujourd’hui à trouver des chaussures bien, soit elles sont trop cher soit elles sont trop à la mode et je préfère les pièces intemporelles. Il y a cette paire en cuir blanc que j’adore parce qu’elle donne l’impression d’avoir des pieds étincelants quand on marche, elle va avec tout et je me sens sexy avec. Elles ont un tout petit talon donc je peux les porter toute la journée sans avoir l’impression d’avoir des talons. Je les cire à chaque fois que je les porte, j’y fais très attention parce qu’elles étaient à ma mère et je voudrais pouvoir les porter toute ma vie. Une autre chose à elle que j’ai récupérée, ce sont ces boucles d’oreilles à clip. On ne voit plus ce genre de choses aujourd’hui, donc je les ai prises et elle ne pouvait pas me dire non parce qu’elle ne les porte plus. Elle n’avait plus les paires, donc j’en ai une de chaque et je les porte toujours ensemble.”
Imani Randolph, mannequin, styliste et freelance en PR à Ganni
“Ces derniers temps, j’ai beaucoup porté ces petits anneaux que j’ai depuis que j’ai cinq ans. Ils sont facile à porter, avec un t-shirt blanc tout simple et un cardigan noir. J’ai testé beaucoup de styles pendant ces quatre dernières années en vivant à New York, j’ai traversé pas mal de tendances — et maintenant, je sais que je préfère les choses très simples et basiques. J’en suis à un stade où je suis très occupée et c’est vraiment agréable d’être un peu plus stratège avec mes tenues. Ça m’aide en ce moment où je me sens très occupée, en transition, et pas toujours en contrôle de tous les facteurs. Ma mère m’a fait percer les oreilles à deux ans et les bijoux ont toujours été très importants pour moi. C’est la chose que ma mère me répète toujours avant de quitter la maison “Porte tes boucles d’oreille, mets une paire de boucles d’oreille”. Ça a toujours été important pour elle et c’est profondément ancré en moi maintenant. A une époque, les gros bijoux un peu fous qui se remarquent, particulièrement les grosses boucles d’oreille colorées, faisaient partie de mes classiques. Peut-être que j’y reviendrais un jour, mais en ce moment, ça ne me correspond pas vraiment. Mais je ne quitte jamais la maison sans boucles d’oreilles – c’est un joli détail qui parfait ma tenue. Je me sens heureuse avec ce simple élément sophistiqué.”
Jessica Weber, Présidente & CEO à Jessica Weber Design, professeur à Parsons
“Je faisais mon ménage de printemps l’autre jour, ça ne m’arrive jamais mais là, j’avais besoin de faire de la place. J’ai donné plein de choses à Housing Works. J’ai farfouillé dans mes tiroirs de bijoux, j’ai plein d’accessoires, et j’ai découvert cette bague fabuleuse trouvée dans une boutique à Harrods, à Londres, quand j’y suis allée après avoir fini Parsons. Mon style n’a pas vraiment changé, je porte beaucoup de vêtements de bureau, avec un twist. J’ai acheté des accessoires toute ma vie et je continue, c’est une manière de donner un coup de neuf à ses vêtements. J’avais rangé une vieille ceinture achetée pendant un voyage en Europe, à la boutique Yves Saint Laurent à Paris. Je l’ai enfin regardée, et j’ai constaté à quel point elle était vieille et géniale. Je l’ai cirée et elle est superbe. Je ne l’ai pas portée pendant des décennies, mais maintenant, c’est une de mes ceintures préférées.”
Nadia Azmy, Présidente et CEO à Miilkiina
“Mon mode de vie a non seulement beaucoup évolué durant les six derniers mois, mais mon style aussi. J’ai été forcée d’adopter un mode vie minimaliste où je ne peux avoir que les choses avec lesquelles je peux voyager, littéralement, parce que c’est une période nomade. Je viens récemment de réemménager chez moi, dans le Michigan, pour travailler sur notre startup avec mon mari. Toutes nos affaires sont dans un garage, et ma valise avec mes vêtements préférés est toujours à Dubaï parce que nous pensions que nous allions déménager là-bas. Pour dire vrai, je n’ai que les vêtements de ma mère ou de mon mari qui me vont. Je me retrouve à porter des vêtements beaucoup plus simples qu’avant parce que c’est ce que je peux me permettre en ce moment et parce que je sais que je vais pouvoir les reporter, comme un uniforme. Ce pantalon était à ma mère au début des années 2000, je ne me souviens pas d’elle dedans mais je me souviens d’elle portant ce style. Cette chemise était à mon mari, elle a environ 12 ans. Je pourrais porter tous ses vêtements parce qu’il a un style assez simple et proche du mien. J’aime cette chemise en particulier parce que les couleurs de Miilkiina sont le rouge et le noir, donc j’ai l’impression de représenter la marque dès que je la porte. C’est un peu comme si ça l’incarnait, je veux pouvoir toujours me souvenir de ce sur quoi nous travaillons, et avoir un petit bout de lui quand il n’est pas avec moi.”
I get rid of all the stuff I no longer wear every season and give it to my friends and start afresh with new pieces I’m pretty sure I’m going to wear every single day in order to find the right combo.
Colors are back, and so are great pieces, contrary to a couple of years ago when I couldn’t find anything I liked, yipee!!!
Hey Yasmin would like to see a pic of this tote…Wonderful article!
Kisses,
Ioanna
http://www.fasfem.com
I’m in the middle of getting rid of all the clothes I don’t need and completely renewing my wardrobe since my style has changed!