monaco – le soir
18 years ago by
La nuit tombe, Monaco s’allume, je lève les yeux.
C’est saisissant. Une sorte de boursouflure de la côte d’azur. De la verticalité, des villas accrochées au somment des falaises, à en avoir le vertige. Des routes suspendues. Un vrai champignon. Étouffant.
Une éternité plus tard, nous voilà partis pour le restaurant. À ce stade là, nous sommes au moins 25. Tout le monde s’engouffre dans des Jaguars et des Porshes, pour aller… 50 m plus loin.
Une foule compacte se presse au restaurant. Notre hôte nous installe. Il reste quelques chaises. Les jeunes souriants s’y glissent comme une pluie fine. Certains ont moins de chance, ne trouvent pas de places assise et s’en vont. Je commence à comprendre.
Devant nous passent des nuées de blondes à l’anglais approximatif. Des filles de l’Est. « Elles cherchent des « sponsors », si tu vois ce que je veux dire », me glisse-t-on.
Trop d’excitation, d’agitation, je mange de travers.
En quelque sorte, nous avons de la chance car nous faisons partie de l’escorte rapprochée de notre hôte, qui est aussi celui des 30 personnes qui se pressent autour de lui. Pour les autres, c’est les chaises musicales. Si tu vas aux toilettes, tu perds ton repas et ton champagne et tu dis au revoir en souriant. Des filles moins scrupuleuses n’hésitent pas s’asseoir sur des genoux généreux. La table d’à côté se libère, notre table s’agrandit, il reste quelques chaises, les portables chauffent. En 5 mn chrono débarquent 4 ou 5 nouvelles créatures bien décidées à profiter du banquet.
Notre hôte parvient à rester charmant, centré, et même à continuer à commander à boire. Ma phase d’observation sociologique prend fin, laissant la place à un écoeurement grandissant. Superchic parle une seconde avec une blonde qui l’abreuve de louanges sur sa robe, sa classe et sa beauté. Elle me regarde, ce regard dit : « j’en peux plus, on y va ».
Nous laissons cette équipe à leur vie animale et notre hôte en pleines négociations. Il nous l’avait dit : ici, les affaires, ça se passe la nuit, entre une coupe de champagne et les seins fermes d’une fille.
Dans la nuit chaude, nos filons par la haute corniche.
Reprendre de la hauteur, enfin.