The Fashion of Self-Discovery
5 years ago by
La veille de mon départ en vacances pour les fêtes, j’ai regardé le spectacle d’Ellen DeGeneres sur Netflix. Elle avait une blague sur le fait que quand les gens partent en vacances, ils font souvent semblant d’être la version d’eux-mêmes dont ils rêvent – pour se moquer des gens qui achètent des chapeaux mous aux formes sophistiquées et qui se mettent subitement à porter du lin à l’approche de la plage. J’étais en train de faire mes valises et je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser. Quelle était la personne (ou le rôle) que j’essayais de créer ?
J’ai fini par passer toute ma semaine de vacances en jean avec une polaire Patagonia et des bottes Doc Martens.
C’était un look confortable, parfait à la fois pour le climat du Colorado et celui de la Californie du Nord où je me trouvais temporairement. Entourée de mes parents, de mon petit frère, des trembles à perte de vue et des granges en bois réaménagées, et bien couverte sous ces douces épaisseurs, je me sentais au chaud, comme dans un cocon et à l’aise dans mon corps et dans mon être.
Mon frère se moque de moi en disant que j’ai tendance à devenir le cliché des habitants locaux dans tous les endroits où je vais… Par exemple, pendant l’été où j’ai vécu à Telluride, dans le Colorada, j’ai porté des Birkenstocks et des jeans déchirés tout l’été. A la fac (à Wesleyan University pour être précise), j’étais en jogging Adidas avec des Converse et des bonnets. Et dès que j’ai emménagé à New York City, j’ai sorti les talons et les vestes vintage qui dormaient dans mon placard depuis des années.
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C’est vrai. Je trouve que mon style s’adapte facilement et j’aime être inspirée par l’endroit où je me trouve.
Pendant mon enfance, j’ai grandi dans le confort de la stabilité. Mes parents étaient à la maison chaque soir à 18h30 précises pour le dîner. Les lundis après-midis étaient réservés aux leçons de dessin et de couture. Nous allions voir nos grands-parents en Floride pour Noël. La question de savoir si j’irais ou non à la fac ne s’est même pas posée. Toutes les questions avaient déjà des réponses, toutes les décisions étaient aussi simples que le choix entre le fromage et la confiture – pour quelqu’un qui comme moi respecte scrupuleusement les règles, c’était une enfance confortable. Et c’était la même chose pour ma tenue tous les matins – écossais vert ou vert et bleu ? De la maternelle au lycée, j’ai porté un uniforme à l’école. Ce qui, dans les faits, me permettait de gagner du temps tous les matins. Mais ça limitait aussi mes moyens préférés pour m’exprimer.
Et donc, les weekends sont devenus mon terrain de jeu pour les défilés. Je suivais ma mère dans ses courses en collants résille, avec des jupes style années 50 et des converses hautes. Ou bien j’allais aux matchs de baseball de mon frère avec des mules aux imprimés vache au pied et des jeans décorés d’écussons avec les visages des cinq membres de *NSYNC. Je saisissais n’importe quelle excuse pour porter des talons – même un dîner dans un resto de chaîne pas très chic.
Je feuilletais en permanence des magazines de mode et j’étais toujours attirée par les femmes qui avaient l’air de vraiment connaître leur style, celles qui s’étaient consacrées à l’exploration en profondeur d’une seule esthétique. J’étais béate d’admiration devant ces femmes – comme Jenna Lyons, Stevie Nicks, les jumelles Olsen – sans doute aussi parce que je m’en sentais personnellement très éloignée. Mon uniforme, au sens littéral du terme, avait rendu mon style personnel un peu chaotique. Et non seulement mon style semblait confus et mal défini mais surtout, je n’avais aucune idée de la personne que je voulais être…
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Cela fait maintenant bientôt 8 mois que je me suis installée à New York. Et mes environs, la ville de Manhattan, changent en permanence. Quand je suis rentrée après les fêtes de fin d’année (encore accrochée à ma polaire Patagonia), j’ai retrouvé le lobby de mon immeuble entièrement redécoré, le café du coin fermé et remplacé. Et à 23 ans, j’ai fini par prendre conscience que les prochaines années allaient être définies par le changement. Et c’est pour ça que j’aspire à une forme de constance. Une identité claire, un uniforme. Et je veux qu’il soit confortable.
Avant, je passais des heures à faire des recherches sur des femmes au style extrêmement fashion pour m’inspirer de leur style. Aujourd’hui, je ne m’inspire régulièrement que du style de deux femmes. Laurel Pantin et Eva Chen. De manière amusante, ce sont toutes les deux des mamans new-yorkaises et leurs vies semblent authentiques, j’admire leurs carrières et leurs garde-robes s’organisent autour de jeans, de pulls et de bottes/Birkenstocks (selon la saison).
En gros, je veux porter du cachemire et du denim en permanence. Je suis sérieuse.
Quand nous interviewons des femmes stylées pour le site et que nous leur demandons ce qui est le plus important à leurs yeux, confort, beauté ou innovation, je suis toujours choquée quand elles ne répondent pas confort. Je ne sais pas si j’aurais toujours répondu la même chose mais aujourd’hui, je ne peux pas m’identifier à autre chose, c’est viscéral.
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La rencontre et l’interview de Batsheva ont représenté un tournant pour moi. Elle était tellement sûre de son propre style, tellement convaincue que ce look fou capturait l’essence de tout ce qu’elle voulait montrer au monde. J’étais admirative.
En plus, sa réponse à la question “confort, beauté ou innovation” m’a fait réfléchir. Elle a répondu “ la beauté confortable”. Je ne porterais jamais un vêtement dans lequel je ne me sentirais pas à l’aise. Mais parfois, quand on porte quelque chose de réellement beau, qui vous éblouit, cela semble confortable même si ce n’est pas nécessairement une pièce “confortable”.
Un peu après, j’ai porté une de ses robes à un événement habillé en ville, auquel ma famille se rendait également. Tout le monde a bien sûr trouvé cette robe absurde. Mon père a pensé qu’elle était “bizarre”, ma grand-mère a essayé de me convaincre de porter une petite robe nuisette toute simple qui serait plus “sexy”. Mais j’ai tenu bon. J’ai pris mon courage à deux mains et j’ai assumé ces épaules bouffantes, l’imprimé floral métallique et le col à volants du 18e siècle. Je l’ai même assortie avec des ridicules compensées Miu Miu à imprimés écossais. Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas autant amusée avec un look.
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Ça ne veut pas dire que je vais commencer à porter des talons compensés plus régulièrement. Non. Mais je vais tenter de donner un peu plus de caractère à ma routine jeans-pulls. Je ne suis peut-être pas obsédée par les sections style de rue, à la recherche de ma tenue du lendemain mais, chaque matin, je me tiens devant mon placard et je me demande à quoi va ressembler la journée, dans quoi je me sentirai le plus à l’aise, le plus moi, à la fois physiquement et métaphoriquement. Avec en plus des chaussettes à fleurs, des mules à motifs , et un jean à patchwork ici ou là.
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Il y a quelques semaines, un de mes amis m’a rendu visite. Nous discutions, en chemin pour aller dîner dans mon thaï préféré du quartier, quand il m’a avoué qu’il m’avait trouvée vraiment à l’aise, calme et sûre de moi quand j’ai ouvert la porte de l’appartement pour l’accueillir. Il a poursuivi en racontant qu’il avait été impressionné en m’entendant décrire mon job à un autre ami comme “idéal”, et à quel point il trouvait cool que je connaisse ce resto thaï du coin, trop-petit-pour-que-ça-fonctionne et qui refuse la carte bleue. Au fur et à mesure de la soirée, nous avons évoqué le fait que, depuis notre diplôme, nous nous sommes vus au moins une fois par mois, si ce n’est pas plus. Et il a fait remarquer que chacune de ses visites lui avait semblé marquer une étape dans la manière dont j’allais. La première fois qu’il est venu, je n’avais ni canapé ni job. Une des visites suivantes, quand je suis allée le voir dans le Connecticut, je suis montée dans le train pour rentrer sans pouvoir m’empêcher de pleurer. Et ensuite, depuis ce moment-là, il m’a vue chaque mois devenir visiblement moins stressée, moins désorientée, plus à l’aise avec le rythme de la ville et plus indépendante.
J’étais heureuse de l’entendre.
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A peu près à la même époque, Christina et moi nous sommes retrouvées seules au bureau un soir, tard, et nous avons commencé à parler, comme d’habitude. Elle m’a dit qu’elle avait l’impression que depuis quelques temps, j’avais vraiment trouvé mon style, mon esthétique. De sa part, une éditrice mode (!!) et une femme dont j’admire le style et la carrière, c’était un immense compliment.
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Cela m’a donné l’impression que les gens avaient remarqué quelque chose dont je n’avais pas encore moi-même pris conscience. Aujourd’hui, en regardant les selfies pris devant mon miroir ces derniers mois, je vois quelques petits changements – j’ai incorporé quelques longues robes prairies à ma garde-robe, j’ai commencé à porter plus souvent mes vieilles bottes de cowboy, ma nouvelle paire de mules à fleurs a pris une place de choix au quotidien et je n’ai pas quitté le manteau écossais oversize (que j’ai depuis des années mais que je n’avais jamais porté) qui m’a toujours fait penser à Diane Keaton.
J’ai peut-être de manière consciente développé une sorte de style New-York-Linne pour me rebeller discrètement contre les caractéristiques new-yorkaises stéréotypées (la manière dont je m’habille est à l’opposé du “noir de la tête au pied” mais je m’éloigne aussi de plus en plus du look inspiré de Carrie Bradshaw que j’avais en tête en arrivant).
Le week-end dernier, j’étais chez moi, dans l’Ohio. Ma mère avait fait une réservation pour dîner le samedi soir dans le nouveau restaurant chic de la ville. Elle m’a dit de porter des talons, j’ai ri. A la place, j’ai porté une robe de cocktail très sophistiquée, avec des perles. Je me sentais très à l’aise en sortant de ma chambre d’enfant. Et pendant le dîner, ma tante m’a même dit qu’elle trouvait que j’étais “au mieux” et que j’étais sur “une trajectoire ascendante”. (Ahaha, je sais mais c’était mignon).
Je n’ai pas “d’uniforme” comme les femmes que j’admirais quand j’étais plus jeune (et que j’admire encore !). Mais je commence à prendre racine de manière confortable. Dans mon quartier, j’ai trouvé mon café, mon thaï du coin et mon studio de yoga. Je peux passer des week-ends entiers à ne quitter mon appartement qu’une ou deux fois, à choisir de me prélasser dans des pulls confortables, avec des bougies et des vieux films.
Et même si je choisis de privilégier ce confort, je me sens également plus à l’aise que jamais pour fonder mes choix uniquement sur mon inspiration du moment.
Et donc, aujourd’hui, voilà mon but : une tenue douillette sans être ennuyeuse ou déjà vue. Être fun et originale, sans avoir l’air folle. Prendre plus de risques, sans sacrifier ma liberté de mouvement ou ma capacité à rire. Je ne sais peut-être pas exactement encore ce qu’est mon style, ou même ce que je veux. Mais j’y arrive.
i loved reading this piece! my eyes came across it at an opportune time :) esp these lines:
« I also feel more comfortable than ever making choices purely based off what feels good in the moment.
&
I may not know exactly what my look is yet, or even who it is I want to be. But, I’m getting there. »
bonnie
Nice article !!
May sounds futile , but it is a nice way to link the question of identity and how to dress. For me it is the difference between wearing your clothes and leaving in your clothes , sounds better in french I guess. ( porter ou habiter ses vêtements).
Just a little mistake here in the french version
» Et il a fait remarquer que chacune de ses visites lui avait semblé marquer une étape dans la manière dont j’aller. » dont j’allais.
As I get older(and after becoming a mother), comfortable has become a requirement. I live in a very small town and find myself dressing down to keep from standing out. I can’t say I love the extra looks when I let things get a bit more wild. Cities are so wonderful for blending in and not being noticed, no matter how you are dressed. I think this step towards cozy is a reflection of the inner step I’ve taken towards really caring for myself. Embrace it : ) And thank you for sharing your story.
The one thing you’ve always had…even in
your teenage years is style.
Whatever “look” you’ve gone for has always
been your own.
Stay true to yourself, you fabulous Ohio
girl.
xx Liz (Juicy Lucy a Clothing Store)
Aw, Liz – you’re the sweetest! Thank you so much for reading and for your kind words.
YOU and YOUR fabulous style have always been an inspiration to me!
No matter where I go, I’ll always be an Ohio girl :)
xx, Linne
I love everything about this. Thank you for sharing, and kudos to you for staying true to « you. »
LOVE YOUR STYLE! You always know how and what to put together!
xo
The older I have become the more frequently I shop Eileen Fisher, Vince, and similar shops. Not the more wild and couture-esque looks I used to go for, the underground shops in Village, etc. The older I have become the more financially able I am to produce the look I want to project for self to world, now in my early 40s, I can say…Style comes from within. Full stop. :)
I thoroughly enjoyed this! So well written and bursting with honesty and sincerity. More, please :)
Love your stories , Linne ! And Black !!! Black wool sweaters and grey trousers would go well with your skin tone, i think !
And like G once said in a *PMF video in Cannes that i rewatched a few days ago : _« …If you wear black , people tend to look more!!!»
(* so funny , the elevator part ,the peek through the door viewfinder, the Alec Baldwyn part…so funny !!!)
Hi, Linne Halpern
I loved your style I want also to wear cashmere and denim. Thanks for sharing a nice article
Nice article but « spastic » is a very dated and highly offensive term used to refer to someone with cerebral palsy. It’s like saying « retard ». I’m surprised anyone would write it or an editor would let it slip by.
Hi!
I’m so sorry, I was not aware of the offensive nature of this term. Thank you so much for pointing that out, we’ve updated the text.
All my best,
Linne
Hey KK – that’s not actually accurate. It simply means awkward or clumsy as related to spasms of which there are MANY KINDS. To use the word spastic to describe one’s actions is as innocuous as saying one “limped through the street” is the word “limped” an insult to cripples? No, it’s a description, as is spastic.
Linne I loved your article and wish you hadn’t changed a word. If people are offended by your descriptions so be it. Don’t let people bully you with ridiculous notions. If we let this continue than we might as well quit using language. Xo
fron
Great blog! Thank you for sharing your knowledge with us.