Atelier Doré

Quand les gens nous demandent ce qu’on fait chez Atelier Doré, il y a plusieurs manières de répondre : il y a le site, les collaborations avec des marques, et l’organisation, depuis peu, de rencontres et de retraites… mais on revient toujours à l’idée d’histoire. Au cœur de ce qu’on fait, de ce qu’on aime, il y a le storytelling, on aime raconter des histoires. Garance le fait à travers ses photos et ses textes depuis des années, donc le choix de cette première retraite s’est imposé de manière logique. Tout au long de la semaine, les participantes ont assisté à des ateliers animés par Tracy McMillan, Garance et Morgane Sézalory, qui nous ont permis de plonger au cœur même de l’idée d’histoire : fondamentalement, visuellement et en tant que marque. L’après-midi, on découvrait des artisans locaux, pour entendre leur expérience de personnes qui vivent et travaillent à Marrakech, beaucoup d’expatriés qui ont décidé de s’établir là et travaillent avec des artisans locaux pour créer toute une palette de produits qui conjuguent maîtrise technique et savoir-faire.

En cette semaine consacrée à nos histoires autour de Marrakech, on s’est dit qu’on pourrait vous concocter un petit How To sur le storytelling et partager avec vous quelques clés de nos ateliers à Marrakech pour que vous puissiez vous aussi découvrir, définir et partager votre propre histoire. C’est une infime partie de tout ce qu’on a abordé au cours de cette semaine incroyable, mais on espère que ça vous aidera un peu sur votre voie (et vous donnera un aperçu de ce qu’est une retraite avec Atelier Doré !)

Mais au fait… qu’est-ce que c’est, mon histoire ?
Tracy a proposé cet atelier dans l’objectif de définir sa propre histoire, notamment en reprenant contact avec soi-même. Elle a partagé son histoire avec nous (vous en saurez plus dans le prochain épisode de Pardon My French) et nous a aidées à prendre conscience que c’est notre histoire qui nous rend humain. Tracy a découvert qu’il était essentiel de dévoiler son histoire pour découvrir sa vocation, son message, sa marque et soi-même. C’est aussi la clé de l’estime de soi.

Voici donc quelques pistes pour développer sa propre histoire :
– Votre histoire est façonnée par vos choix et vos décisions, c’est comme ça qu’on écrit nos histoires.
– Votre histoire a des thèmes, des personnages, des choix, des erreurs et des rebondissements. Quels sont-ils ?
– Les conflits intérieurs sont vecteurs de points de rupture.
– Les obstacles que nous affrontons remettent en perspective votre système de valeurs. S’ils ne nous challengeaient pas, au fond, ce ne serait pas des obstacles.
– On écrit sa propre histoire, donc essayez de concevoir quelque chose qui n’existe pas encore et vivez-le.

Voici quelques exercices que Tracy nous a proposés pour vous aider à écrire votre propre histoire (inspirés par l’expérience de Tracy comme scénariste pour la télé). Imaginez que vous êtes le personnage principal de cette histoire :
– Quelles sont les trois qualités qu’un directeur de casting vous demanderait de mettre en avant pour interpréter ce personnage ?
– Quels seraient ses trois traits les plus sombres ? Ce seraient un peu vos qualités de l’ombre.
– Trois obstacles qui empêchent votre personnage de faire et d’être ce qu’il veut ?
– Qui jouerait ce personnage ? Quel serait l’archétype de ce personnage ?
– Qui serait votre adversaire ?
– Les gens qui vous stimulent vous aident à discerner sur quoi reposent vos convictions et ce qui a besoin d’être réparé/soigné. Ce sont vos atouts de l’ombre.

Une fois que vous avez répondu à ces questions, voici un dernier mot de Tracy :
« Si on m’a donné un rêve, c’est qu’on m’a aussi donné les moyens de faire en sorte qu’il se manifeste. »

A partir de ce que Tracy nous avait enseigné, Garance s’est concentrée sur la façon d’exprimer, de raconter cette histoire pour la partager avec les autres, que ce soit via la photographie, l’écriture, l’art… il y a tellement de moyens de s’exprimer. La pierre angulaire de son atelier : l’importance de savoir saisir les émotions. Le sujet de Garance, c’est sa vie, ce qu’elle vit et ce qu’elle voit. C’est ensuite quelque chose qu’elle exprime à travers ses photos, ses illustrations et ses textes… avec une franchise qui fait que chacun d’entre nous peut s’y identifier.

On a fait un atelier écriture avec Garance, afin de jeter des idées sur les émotions et leur représentation visuelle :
– Ecrivez ce que vous faites ou ce que vous aimeriez faire, au présent.
– Quelles émotions est-ce que cela suscite chez vous ?
– Souvenez-vous d’une image que vous avez en tête et qui vous submerge d’émotions. Quelle est-elle ? Et quel type d’émotions fait-elle ressurgir ?

On a tous notre propre langage visuel, on a tous une histoire unique. Ce sont nos émotions, nos fragilités qui la rendent unique. Se concentrer sur ce qui nous émeut est plus efficace que d’essayer de trouver des formules ou de copier ce qui est à la mode. Prenons l’exemple d’Instagram : trouver son propre langage est très important à une époque où tout le monde ressent et vit la même chose. Etre inventif, créatif, ça veut dire ne pas avoir peur de sa part d’ombre (ou de mièvrerie !), que ce soit dans le type de photos ou de mots utilisés. L’important, c’est de trouver comment les exprimer de façon à susciter des émotions.

Ce que Morgane a réussi à construire avec sa marque Sézane, pour nous, ça incarne tout ce dont on a discuté pendant la retraite, avant son atelier, le dernier jour. C’est une marque très personnelle (le nom de la marque est une contraction de son prénom et de son nom), et Morgane a profité de son atelier pour partager avec nous son histoire, sincère et émouvante. Elle nous a parlé de son penchant pour la paresse (appréciez la sincérité !), ce qui lui a permis de trouver des idées originales, et qui semble un peu contradictoire, quand on sait qu’elle a dû bosser comme une folle pour faire de Sézane ce que la marque est devenue aujourd’hui… Ce boulot lui a valu un burn-out cette année, ce qu’elle considère comme une opportunité géniale d’aller de l’avant.

Elle a partagé avec nous quelques idées essentielles auxquelles penser quand on imagine l’histoire d’une marque, et la façon de communiquer cette histoire :

– Considérez une marque comme de l’art : le cœur même d’une marque, c’est une vision, du talent, une façon de voir les choses différemment. C’est l’art d’une marque.
– Artisanat et savoir-faire sont deux règles à respecter, quelle que soit la marque.
– Il faut décider à qui s’adressera votre marque.
– La curiosité peut façonner l’histoire de la marque, faites confiance à votre instinct, à ce que vous ressentez.
– Même en ayant de bons produits, aujourd’hui, il faut savoir créer et partager l’histoire, l’univers d’une marque. Morgane a commencé via eBay, mais sur eBay, on n’a pas la main sur l’univers de sa marque. C’est à ce moment-là qu’elle a lancé son premier site, afin qu’elle puisse maîtriser tout cet environnement.
– Et enfin, Morgane a exprimé l’importance d’aimer et d’écouter la communauté qui se développe autour d’une marque. Une marque, c’est quelque chose de vivant qui a besoin d’évoluer avec ses équipes et ses clients. Souvent, ce sont vos clients qui vous aident à définir les prochaines étapes du développement de votre entreprise, mais pour ça, il faut leur laisser la parole et initier un dialogue avec eux.
– Une marque évolue et change, en permanence. Si une marque se fige, elle disparaît. L’art de créer sa marque, c’est peut-être l’art de la réinventer chaque jour …

Comme dirait Morgane : Voila ! C’était quelques notions fondamentales qui valent pour toutes les marques : que vous ayez monté votre boîte ou que vous essayiez de cultiver votre marque personnelle sur les réseaux sociaux. On a fait un exercice consistant à penser à des marques fortes, pré et post-Internet… et il est intéressant de voir les points communs et les différences entre les deux. Au final, ça se résume à deux choses : Comment les gens vont-ils s’identifier à votre marque ? Et comment y adhèreront-ils ? Quelques éléments à prendre en compte en écrivant l’histoire de votre marque.