Atelier Doré

Il y a quelques semaines, alors qu’on était en réunion, je me suis retrouvée à parler de mon acné kystique (le genre de truc dont on a le droit de parler en réunion quand on teste des produits de beauté !). Sur les trois femmes qui étaient avec moi, deux m’ont tout de suite conseillé d’aller voir Sandra Chiu. Elles se sont mises à parler d’elle comme d’une guérisseuse mythique qui transcende le temps et l’espace, qui nous transporte ailleurs, voire nous permet de léviter. Plus qu’intriguée, je l’ai retrouvée et j’ai fait le pèlerinage jusqu’à Brooklyn pour rendre visite à cette magicienne dans son centre de soin holistique, Treatment by Lanshin, pour vivre ma toute première (!!!!) séance d’acupuncture et parler avec elle de son approche protéiforme pour soigner les problèmes de peau et régénérer la peau.

En la rencontrant, j’ai tout de suite senti pourquoi elle avait une telle aura. Elle était douce et attentive, experte et minutieuse dans sa façon de prodiguer les soins pour la peau. Alors que jusque-là on m’avait recommandé à peu près tous les médicaments possibles sur la planète (avec différents degrés d’efficacité), Sandra a pris le temps de discuter avec moi pendant une heure, et m’a questionnée sur mes habitudes alimentaires, mon sommeil, ma digestion, et a même pris une photo de la couleur de ma langue. C’est fou comme je me suis sentie entendue et comprise en sa présence. Comme je suis curieuse de naissance, je n’ai pas pu m’empêcher de lui poser quelques questions…

Comment est né cet intérêt pour l’acupuncture et la médecine chinoise à base de plantes ?

C’est un peu culturel – la médecine chinoise fait partie intégrante de la culture chinoise donc petite, j’ai beaucoup bu de décoctions à base de plantes quand j’avais un rhume, ce genre de choses. Ça fait un peu partie de mon identité. Mais la vraie prise de conscience n’est intervenue qu’une fois que j’ai commencé à travailler dans une banque d’investissement – il y a très longtemps, dans une autre vie – et que mon corps a commencé à me lâcher car j’étais trop stressée, malheureuse et au bord du burn-out. J’avais 24 ans (j’étais bien trop jeune pour ça !) et je me suis adressée à une guérisseuse chinoise. Pour faire court, j’ai été bluffée de la manière dont ma douleur a instantanément disparu, mais je me suis aussi sentie toute neuve… ou plutôt comme une version plus aboutie de celle que j’étais.

J’ai développé une fascination sur la manière dont la médecine chinoise fonctionne de manière globale, on se sent mieux physiquement et psychologiquement, même spirituellement. J’adore aussi que cette médecine suive les principes de la Nature, cela permet de considérer la nature autour de nous de manière respectueuse. Pour effectuer un diagnostic ou évaluer la gravité d’un mal, cette médecine se fonde sur l’observation du fonctionnement de la nature autour de nous et en nous.

J’aime beaucoup le fait que les problèmes de peau soient abordés sous plusieurs angles et pas juste de manière topique. Vous pouvez nous parler de la façon dont vous utilisez conjointement l’acupuncture, la médecine chinoise et les traitements plus topiques pour corriger les problèmes cutanés ?

Les problèmes et déséquilibres cutanés sont le reflet de déséquilibres et dysfonctionnements bien plus profondément ancrés dans le corps. L’acupuncture et la médecine chinoise sont des pratiques qui peuvent être utilisées pour redonner une peau saine, pour améliorer et restaurer le système interne qui influe sur la peau : comme la digestion, le système hormonal et nerveux. J’aime avoir une approche interne/externe, c’est-à-dire qu’on a une influence sur l’intérieur avec des décoctions à base de plantes, tout en aidant la peau en surface grâce à des traitements à base d’acupuncture, de gua sha et de produits dermatos adaptés.

Vous pouvez nous en dire un peu plus sur la technique de raclage de la peau (gua sha) que vous conseillez d’intégrer aux rituels de soin quotidiens ? Pourquoi est-ce si important de “manipuler” les muscles et les tissus cutanés pour stimuler la guérison ?

J’adore voir l’effet que le gua sha a sur la peau, mais aussi la façon dont cette technique peut devenir une pratique méditative personnelle qui apaise et détend le système nerveux. La beauté dépend du degré de bonheur : il est important de pouvoir se détendre en profondeur, régulièrement, c’est ce que nous permet la technique du gua sha. De manière plus fondamentale, l’utilisation d’une raclette en jade ou pierre lisse pour se masser et soulager les tissus permet de préserver la santé de la peau en offrant un moyen de libérer les tissus des tensions et blocages qui ralentissent la circulation du sang, des fluides et des énergies vitales.

Une belle peau est une peau saine, ce qu’on obtient quand on a un tissu cutané vierge et sain (en profondeur). En tant qu’acupunctrice qui travaille avec le corps de gens, je trouve ça étrange qu’on fasse confiance aux traitements topiques pour régénérer notre peau. La peau fonctionne tellement mieux (et est tellement plus belle) quand on applique une technique qui libère les tissus en association avec de bons produits pour la peau. C’est exactement ce que fait le gua sha sur le visage, comme l’acupuncture, les massages et le yoga du visage.

Bon, j’avais suffisamment attendu. Il était temps de m’abandonner aux aiguilles. La perspective d’avoir des aiguilles plantées un peu partout sur le visage ne m’enchantait pas mais j’étais encore moins enchantée d’avoir la peau congestionnée (et deux kystes qui avaient récemment élu domicile sur mon menton et ma joue). J’ai donc fermé les yeux et essayé d’ignorer ce qui se passait. Juste avant, j’avais été prise d’une logorrhée avec Sandra, mais là, après la cinquième aiguille, mon cerveau a commencé à tourner au ralenti, mon débit s’est lui aussi ralenti et mon genou a commencé à trembler sporadiquement (apparemment, le signe qu’il libérait de l’énergie). J’ai eu l’impression d’être plongée dans une transe hypnotique… comme si je lévitais.

Trente minutes plus tard, je retrouvais le soleil de NY sur mon visage en attendant mon Uber. Une heure après être entrée chez Sandra, mes kystes avaient déjà diminué de moitié.

Sandra m’a mis au point un traitement à base d’herbes médicinales chinoises et même si le goût est particulièrement âcre, je les avale aussi religieusement que Pac-Man ses gommes jaunes… et j’ai déjà hâte de retourner voir Sandra.