Studio Visit / Petites Luxures
7 years ago by
Même si on est déjà 700 000, connaître Petites Luxures donne l’impression d’être membre d’un club secret. Des dessins érotiques pleins de bon goût, d’esprit et juste ce qu’il faut de provocation… difficile de ne pas être séduit. L’artiste, qui jusqu’à présent avait gardé son anonymat, a su saisir avec précision et délicatesse l’aspect ludique de la sexualité.
Pendant son séjour à Paris, Pia est allée en banlieue, à la rencontre de Simon, l’homme qui se cache derrière ces dessins… dans la maison et l’atelier 1900 qu’il partage avec sa femme et ses deux enfants.
Les dessins sont inspirants et – euh – stimulants (d’ailleurs, si vous êtes au travail, ce n’est pas forcément le bon endroit pour les découvrir… on vous aura prévenus !), mais Simon est surtout quelqu’un de profondément gentil et accueillant. Il est enfin prêt à mettre un visage sur son travail.
Parles-nous de Petites Luxures – quand est-ce que ça a commencé et comment est né le concept ?
J’ai débuté cette série de dessins fin 2014. De mémoire, j’ai toujours dessiné depuis l’enfance, mais les années précédant le début de Petites Luxures j’étais parti dans un style vraiment différent. Et puis un jour de novembre, cloué au lit par une vilaine grippe, j’ai fait des essais plus radicaux, plus simples, dans un style que j’ai trouvé assez bien adapté à l’érotisme et aussi au média digital. Le style permettait une bonne productivité, le sujet permettait une bonne inspiration.
J’ai donc commencé à en poster quelques-uns sur mon compte instagram personnel, puis je me suis dit que mes amis et ma famille n’avaient pas forcément demandé à voir des images aussi explicites. J’ai donc créé ce compte, et après quelques hashtags bien choisis le succès a commencé à prendre.
Quel a été ton parcours professionnel/artistique ? Que faisais-tu avant Petites Luxures ? C’est un job à plein temps ?
Petites Luxures n’est pas du tout mon activité principale, loin de là. Dans la « vraie vie » je travaille comme directeur artistique dans une agence de communication. J’ai toujours dessiné, et après le bac j’ai souhaité en faire mon métier. D’abord attiré par l’architecture, j’ai finalement décidé de me tourner vers le dessin animé. Mais en route j’ai découvert le graphisme, discipline qui m’a tout de suite plu, et j’en ai fait mon métier depuis pas mal d’années depuis. Je n’ai jamais cherché à me définir artistiquement, mais je suis assez hyperactif et l’art en général occupe une place très importante dans ma vie. Le graphisme et le dessin, donc, mais aussi la musique et la photographie. De manière générale, tout processus créatif m’intéresse, quel que soit le médium, s’il en naît quelque chose, c’est forcément une bonne chose.
Ne pas révéler ton identité, c’était un choix quand tu as commencé ou bien ça s’est fait comme ça ? Quels sont les avantages et les inconvénients de l’anonymat ?
L’anonymat fait partie de ma démarche : Il y a beaucoup de non-dits visuels dans mes dessins, qui permettent au spectateur de se projeter facilement dans la scène, de s’approprier l’image. Savoir qui a réalisé ce dessin donne forcément un apriori même inconscient, et biaise le regard du spectateur. D’où ma volonté de me cacher derrière mon stylo. Mais maintenant que cette série prend un peu plus d’ampleur, qu’il débouche sur des projets dans la vraie vie, j’ai senti le besoin de me montrer un peu plus, qu’on sache que c’est le travail d’une vraie personne et non un style graphique abstrait qui n’appartient à rien ni personne. J’ai eu pas mal de cas de gens essayant de se faire passer pour moi, et donc je veux me montrer un peu plus pour empêcher ça.
En ce moment, quelles sont tes sources d’inspiration ? Tu as parfois des pannes d’inspiration ?
L’inspiration vient d’à peu près tout : une musique, une odeur, un mot, une scène anodine du quotidien, une blague… En fait de tout ce qui n’est pas érotique à la base. Tout l’intérêt de ma démarche est ensuite de rendre cette chose érotique, c’est ça qui est drôle à faire et où j’essaie chaque fois de glisser un petit trait d’esprit. Partir d’une inspiration déjà érotique rend la démarche vide de sens. Décalquer une photo érotique serait un simple travail d’exécution, creux et sans intérêt.
C’est également pour ça que je me force à n’avoir jamais aucune référence visuelle lorsque je réalise mes dessins. J’aime digérer mes influences et voir ensuite comment mon cerveau les recrache de façon inconsciente, mais je veux que la démarche reste complètement naturelle et spontanée, directe. Qu’importe si le dessin est anatomiquement faux, s’il est sincère c’est ce que je veux.
Ça a l’air d’être une thématique vraiment sympa à travailler. Est-ce que c’est aussi plaisant que ça en a l’air ?
Oui bien sûr, en tous cas pour le moment, et j’espère pour longtemps encore ! Et en deux ans et demi mon travail a pas mal évolué, tant techniquement que conceptuellement, donc tant que je ne m’ennuie pas à les faire, j’en ferai. Le jour où je n’y prendrai plus de plaisir, que je devrai les faire sur commande ou par obligation, ça se sentira et ça perdra son intérêt. Mais c’est à moi de savoir me renouveler sans cesse pour que ça n’arrive pas.
Tu peux nous en dire plus sur ton atelier ? Quelles sont ses principales qualités ?
Je viens de terminer la construction de cet espace de travail, qui sert également à ma femme qui y travaille pour son blog. C’est important d’avoir de l’espace, de tout avoir à portée de main, et également qui nous ressemble. Quelque chose de très pratique, spacieux et lumineux, et également inspirant.
C’est en effet important pour moi d’habiter loin de Paris dans cette vieille maison. J’ai besoin de l’agitation de Paris tous les jours ou presque, mais je me retrouve dans les moments de calme ici avec ma famille. Cette ambivalence est nécessaire à mon équilibre, je pense.
Tu es aussi un peu écrivain – tes illustrations sont en général accompagnées d’un jeu de mots – qu’est-ce qui vient en premier, la légende ou l’image ?
Je n’ai pas la prétention de savoir écrire, mais je pense en effet que les mots peuvent aussi avoir un grand potentiel érotique. Mes dessins ne peuvent pas vivre sans ces mots, c’est bien souvent la relation entre les mots et l’image qui donne le trait d’esprit nécessaire. L’inspiration peut venir de l’un comme de l’autre, parfois l’idée est plus conceptuelle et vient des mots, parfois l’idée est plus visuelle et je trouve donc les mots par la suite.
En dehors de ton activité artistique, tu es aussi marié et papa de 2 filles. Qu’est-ce que ta femme pense de ton travail ? Et tes filles ?
Ma femme est plutôt heureuse de voir ce projet décoller, même si ça prend beaucoup de temps. Elle est très inclue dans ce projet, il n’y a évidemment absolument rien d’autobiographique dans les faits mais je glisse beaucoup de petits clins d’œil pour elle. Elle est également ma principale conseillère.
Mes filles me voient souvent travailler sur ce projet, mais je ne leur montre pas mes dessins, à part 2 ou 3 « softs » affichés dans la maison. Elles sont encore très jeunes.
J’imagine qu’en publiant ce type de travail, on développe une sorte de bravoure. Qu’en penses-tu ? Qu’est-ce que Petites Luxures t’a apporté d’autre ?
Je ne sais pas si on peut dire que ce projet m’a apporté de la « bravoure », disons que le succès inattendu de ces dessins m’a permis de me sentir un peu plus sûr de moi, d’avoir un peu plus de légitimité sur ce créneau artistique. On trouve un peu de tout sur les réseaux sociaux et dans l’art érotique, des gens sincères autant que des usurpateurs, et j’avoue que je suis content de voir que le succès est venu sans que j’aie à changer quoi que ce soit dans la manière de penser et de faire que j’ai eue au départ de ce projet. Je fais des images toujours aussi spontanées et sincères qu’au tout départ, malgré l’audience qui a pas mal gonflé depuis, et c’est très important pour moi.
Ce projet m’a aussi ouvert de belles opportunités dans la « vraie vie » avec beaucoup de gens intéressants, des artistes, stylistes, éditeurs, galeristes… qui vont déboucher sur de jolis projets dans les mois à venir. Je n’avais jusqu’à présent pas pris assez de temps pour me consacrer à ces projets, mais j’aménage désormais ma vie professionnelle et personnelle pour pouvoir donner un peu plus de place pour ce projet et concrétiser enfin toutes ces jolies rencontres.
These drawings simple but so genius!
Muito Fixe !!!
Enfin un visage à mettre sur petitesluxures ! moi qui croyait avoir affaire à une jeune femme !!!
En fait il se prénomme Simon. Incroyable
Pas mieux… j’avais la même impression!
moi aussi j’étais persuadée que c’était une femme qui dessinait tout ça!!
trop sympa, merci!
I’ve been following Petites Luxures for awhile now and definitely assumed that the artist was a woman!
Génial et délicat !
Quelques coups de crayons et voila des dessins geniaux ! Je ne connaissais pas cet artiste, je suis allee sur son site : a visiter ! :-)
such a beautiful work!
Canon!
His drawings are awesome! I love his style. Fantastic interview x
Hey!
Merci de nous faire découvrir l’atelier et celui qui se cache derrière Petites Luxures. Je suis son travail depuis plus d’un an maintenant et je suis bien contente de mettre une image sur celui qui a tant de talent !
Bisettes,
Aurore / Au’riginalité du blog http://auriginalite.com
C’est osé, élégant, j’adore !
Je pensais que c’était une femme qui dessinait ! J’adore le compte et le suis depuis quelques temps maintenant. j’aime cette simplicité tant dans le coup de crayon que dans le sujet ! Certaines illustrations demandent un peu de temps pour être décryptées et j’adore !! Merci l’Atelier pour les présentations !
Love these! Where does your inspiration come from?
Love them of course!!
And the next thing he needs to do (naturally) is publish a book! Then it goes crazy and is a great source of income! Best of luck to him and I hope I see these in a book. I will buy it!
Simon parvient au plus difficile : la simplicité !
Simples ces dessins ? on peut le croire de prime abord, ils sont à mon sens le fruit d’un labeur d’épuration acharné !
En tous cas, ils sont plus exitants que bien des oeuvres traitant du même thème…suggestives et racoleuses… du grand art !